Depuis que j'ai atterri à Bali, une image de carte postale revient sans cesse au point de hanter ma curiosité. Une curiosité qui a migré vers un désir obsessionnel qui se définirait comme ceci : il s'agirait d'un amoncellement chaotique de plusieurs volcans aux proportions parfaites posés dans une impressionnante caldeira. Le sol de cette caldeira serait tapissé d'une mer de sable et des fumerolles déchireraient ses airs. Pour parfaire le rêve, un océan de nuages encerclerait ce chaudron que le soleil naissant caresserait de ses rayons bienveillants. J'ai vécu ce rêve.
La caldeira se nomme Tengger et les protagonistes volcaniques, Bromo, Batok, Kursi et Semeru. La nature dans toute sa splendeur. Départ depuis le village de Semero Lewang, nous nous levons à 4h et descendons dans la caldeira. Nous parcourons la mer de sable dans la nuit brumeuse jusqu'à la base du Bromo. 253 marches terminent la courte randonnée et nous propulsent sur l'arrête du cratère. L'aube dissipe le voile obscur et les premières formes apparaissent. Nous avons quitté la terre pour un voyage express sur la lune. Nous décrivons le tour du cratère qui rejette continuellement ses vapeurs nocives. Au loin, le Semeru tousse à intervalle régulier. Un nuages cotonneux qui fuit des profondeurs torturées de la terre. Notre ronde se termine face à l'escalier. Unique manifestation humaine dans une terre qui ne lui est pas dédiée.
Après avoir vécu l'activité volcanique de l'intérieur, C'est ce panorama de carte postale décrit et admiré maintes fois que nous voulons atteindre. Un unique but à notre réveil qui se résume à cette courte phrase : « assister au lever de soleil depuis le Penanjakan ». Du haut de cette colline, la nature nous réserve une belle surprise en modelant une nouvelle forme de magie. Perfection visuelle qui occulte tous les autres sens. L'instant de quelques heures, nos yeux ont carte blanche. Tenter de décrire l'indescriptible. Graver quelque chose d'impalpable. Les sommets de la veille n'ont pas bougé, seul l'angle de vue a changé. Et ce qu'on a vécu ? Une apothéose sensorielle.
Keyword - activité volcanique -
dimanche 31 août 2008
les fumées du Bromo et du Semeru
Par dorian le dimanche 31 août 2008, 09:10 - TDM2-Indonesie
vendredi 29 août 2008
les travailleurs du soufre
Par dorian le vendredi 29 août 2008, 16:14 - TDM2-Indonesie
Fin de notre aventure balinaise, la plupart de la famille rentre en France pour profiter des derniers jours d'été sur la côte d'Azur. Je continue avec mes parents vers Java. Une courte course en bemo jusqu'à Gilimanuk avant de monter à bord du ferry qui relie l'île de Java en 45 minutes. transition d'une île à l'autre, changement de culture radical.
Notre première étape sera le Kawah Ijen, un volcan dont le cratère abrite un lac émeraude. Ce volcan fut médiatisé en son temps par Nicolas Hulot et les époux Kraft pour ses couleurs époustouflantes et la sensation que l'homme n'est pas le bienvenu au cœur de cette montagne.
Le Kawah Ijen est la principale zone d'extraction du soufre d'Indonésie. Le dépôt de cette substance jaunâtre se situe à l'intérieur même du cratère. Enveloppés d'un nuage sulfureux étouffant, nous descendons à sa rencontre. En chemin, aucune machine, juste quelques hommes armés de 2 paniers qu'ils portent en équilibre sur une de leurs épaules. Un travail épouvantable qui commence un peu plus bas, près du lac émeraude. Des tuyaux délivrent de la vapeur qui liquéfie le soufre. Le jus orangé finit par se solidifier en une dalle jaune et compacte. Un ouvrier casse le sol pour obtenir des morceaux transportables qu'il charge dans les paniers. Un vulgaire linge sale couvre son nez et sa bouche en guise de protection respiratoire. Autour du monticule sulfureux, une vapeur blanchâtre et suffocante donne une sensation d'un autre monde. Chaque porteur charge son colis et entame une lente remontée du cratère puis une redescente vers la vallée. La souffrance se lit sur les visages, les effets désastreux des gaz respirés jour après jour s'entend dans les toux rauques de ces travailleurs courageux. Plus de 2 heures d'efforts pour ramener le butin en bas du volcan. Chaque héros porte un minimum de 80 kilos, deux fois par jour. Le kilo s'échange à 400 Rupiah ce qui représente un gain d'un euro pour 35 kilos ramenés ! Un germinal des temps modernes. Seule consolation, le décor est un bonheur visuel. Des couleurs surnaturelles. Une fumée dense et mystique qui, comme un écrin, cache la beauté de ses entrailles. Une terre inhospitalière où l'homme n'a pas sa place mais que les réalités économiques poussent les plus nécessiteux à s'enrôler pour l'aventure. Et avec 80 kilos sur une épaule déformée par tant de montées et descentes, ils sont à mes yeux de véritables héros. Et chaque fois que je mangerai du sucre en poudre je penserai à ces visages souriants que la vie n'a pas gâté car parmi ces utilisations, le souffre sert à raffiner le sucre.
lundi 26 novembre 2007
Délire chromatique sur le Tongariro Crossing
Par dorian le lundi 26 novembre 2007, 18:06 - TDM-Nouvelle-Zelande
Tous les passionnés de randonnée (tramping en néo-zélandais) se sont donnés rendez-vous pour sans doute la plus belle journée de marche qu'il est possible de faire chez les kiwis. Plusieurs options sont envisageables durant la traversée du Tongariro pour allonger le parcours parmi lesquelles, on peut grimper sur le sommet du Ngauruhoe. Nous opterons pour l'ascencion de ce volcan au cône quasi-parfait.
Au petit matin, nous prenons la navette dans le village de National park pour nous rendre au pied du tracé. Nous entrons dans les terres du Mordor. Il y a quelques années, dans ces contrées stériles et sombres, Peter Jackson a installé les quartiers des méchants orques pour sa trilogie "Le Seigneur des anneaux". Des débris de roche volcanique jonchent le décor accidenté du trek. Tout n'est que rouge sombre et noir.
Nous bifurquons sur la droite pour arpenter la pente raide du volcan. Nos pieds s'enfoncent dans un mélange de terre et de pierre ponce. Le soleil brûle. Les gouttes perlent sur le visage. Nous gagnons difficilement de l'altitude tant nos pas sont incertains sur les portions mouvantes. Après une heure d'effort, le sommet est à nous. Des fumerolles s'échappent entre les pierres boursouflées. La crête décrit le cratère enneigé d'où nous scrutons le panorama lunaire. Une vue époustouflante à 360°. Des montagnes aseptisées et obscures tout à coup accueillantes et enivrantes.
Nous redescendons par les éboulis. Un exercice d'équilibriste pour éviter les chutes. Un randonneur jaloux sur la voie de la montée nous invective en prétextant que nos jeux stupides déclenchent des avalanches de pierres. Pure jalousie de notre style épuré. Je me mets sur les fesses pour continuer la descente d'une plaque de neige. La vitesse me grise. Les 2 mains et les 2 pieds ne sont pas suffisants pour m'arrêter et je finis dans les rochers. Je m'en tire avec une entorse à un doigt et une cheville douloureuse. Mais j'ai peut-être battu le record de la descente la plus rapide !
Au bas du volcan, nous vidons nos chaussures de tout ce qu'on a ramassé dans notre descente et reprenons le chemin normal du Tongariro crossing. Une légère montée que nos organismes fatigués encaissent et brusquement oublient face au spectacle devant nous.
Un monument rouge et noir, sorte de gouffre en roche volcanique et 3 lacs aux couleurs que seule la nature peut pourvoir. La science expliquera que ce sont des dépôts de soufre. Nos yeux sont loin de toutes ces explications rationnelles. Ils se replongent dans cet autre monde qu'on ne veut plus quitter. Tous les randonneurs marchent au ralenti ou se figent, les visages déformés par l'étonnante beauté.
Nous décidons de déjeuner sur ces terres irréelles. Un peu de riz avant d'amorcer la longue descente dans la vallée. Le spectacle multicolore s'évanouit derrière nous. Nos esprits semblent éthérés, allégés par tant de belles choses.
Le Tongariro Crossing : à marquer dans la rubrique "à ne pas manquer" lors d'une escapade néo-zélandaise.
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